Comment bien choisir ses jours de télétravail ?

13. 9. 2021

6 min.

Comment bien choisir ses jours de télétravail ?
autor
Marlène Moreira

Journaliste indépendante.

Vous souvenez-vous, il y a quelques années, lorsque vous passiez des heures à étudier le calendrier des jours fériés pour poser vos congés de manière stratégique afin d’optimiser vos vacances ? « Mais siiii, si tu poses ce mardi et ce vendredi, tu peux avoir 8 semaines OFF en mai ». Vous vous sentiez déjà digne de Kasparov, n’est-ce pas ?

Nous sommes désolés de vous l’annoncer, le fameux « monde de demain » va vous obliger à élever le niveau. Car en plus des RTT, il faut maintenant sélectionner avec soin ses jours de télétravail. Un choix qui doit à la fois prendre en compte vos envies, les contraintes de votre équipe, mais aussi l’image que ce choix renvoie de vous. Alors, quels jours choisir ? Et quelles sont les bonnes questions à se poser ?

Télétravail : une équation à beaucoup d’inconnus

Le télétravail a marqué l’année 2020 comme jamais, laissant une trace durable dans l’esprit des salariés et le fonctionnement des entreprises. Si certaines sont revenues au présentiel ou maintiennent le « full remote », d’autres ont opté pour un passage sur courant alternatif : le fameux mode hybride avec lequel le salarié oscille entre travail à distance et journées en entreprise.

Bien géré, le télétravail permet d’être davantage maître de son temps (comme dans Fort Boyard, sans la tête de tigre). Il élimine les temps de trajet et limite les réunions inutiles, les cafés qui traînent en longueur et les interruptions de votre collègue Roger qui a encore oublié comment faire un tableau croisé dynamique sur Excel. Pour beaucoup, cela représente plusieurs heures gagnées par jour. La façon dont vous souhaitez utiliser ce temps supplémentaire conditionne, au moins en partie, le choix de vos jours de télétravail : souhaitez-vous les exploiter pour travailler davantage et faire vos preuves, pour vous occuper de vos enfants, pour partir en week-end plus tôt, pour prendre du temps pour vous ? Autant de questions à se poser avant de sélectionner ses jours de travail à distance.

Mais ce n’est pas tout. Car rares sont les personnes qui peuvent choisir leurs jours de télétravail sans prendre en compte leur équipe et leur entreprise. Au-delà des éventuelles contraintes imposées par votre entreprise, il est indispensable de se questionner sur l’impact de ces jours sur votre équipe : sur quels jours vos collègues sont-ils présents en entreprise ? À quel moment aurez-vous le plus de chance de croiser les personnes avec qui vous avez besoin d’échanger en face à face ? Avez-vous au moins un jour en commun avec votre manager ? Chaque entreprise met en place, plus ou moins consciemment, des rituels qui rythment les temps communs et cadencent la semaine. Les identifier permet de ne pas être le seul à manquer les événements importants de la vie de bureau. Et une bonne coordination permettra d’éviter l’enfer des réunions hybrides.

Surtout, et même si les outils de visioconférence sont de plus en plus puissants, ils ne remplacent pas pour autant le contact humain. Quels jours vous permettront de garder une vie de bureau qui vous satisfait ? De voir vos collègues préférés ? D’avoir du rab’ de frites à la cantine ?

Une fois tous ces éléments en tête, vous êtes enfin armés pour choisir le ou les jours de télétravail qui vous permettront d’optimiser votre équilibre vie pro / vie perso, tout en restant performant et en lien avec vos collègues.

Ils ont choisi… le lundi : bonne ou mauvaise idée ?

Le lundi est un jour à double tranchant. Il permet de prolonger le week-end, de reprendre la semaine plus en douceur (voire, de soigner une gueule de bois particulièrement coriace). Pour autant, c’est souvent le moment privilégié par les entreprises pour organiser des réunions et lancer les grands sujets à traiter pendant la semaine.

Pour Karine, télétravailler le lundi a été une opportunité inespérée de passer plus de temps avec son conjoint. Commerçant, celui-ci ne travaille pas les dimanches et lundis. « Nous avons le temps de prendre un vrai petit-déjeuner, ensemble, et même d’aller pique-niquer dans le parc en bas de chez nous le midi quand il fait beau ». Avec un temps de trajet passé de plus d’une heure à… 8 secondes (10, quand son chat lui barre la route)… le télétravail lui permet également d’avoir des activités en soirée. « J’ai décidé de reprendre le sport, maintenant que je suis dans les temps pour arriver à des cours ! » ajoute-t-elle.

Un enthousiasme que ne partage pas Antoine, consultant dans le digital, qui a expérimenté le télétravail le lundi avant l’été. « Je pensais que ça me permettrait de reprendre en douceur et prolonger mes week-ends, mais au final j’ai beaucoup trop de mal à me remettre dans le boulot par moi-même après un week-end. Je sens que j’ai besoin de la dynamique collective pour me mettre en route en début de semaine », explique-t-il. En dehors des profils avec une discipline personnelle exemplaire, le télétravail du lundi ne semble pas adapté à tout le monde, dommage.

Ils ont choisi… le mardi ou le jeudi : et s’ils étaient vraiment malins ?

Télétravailler le mardi ou le jeudi : une drôle d’idée ? Ces jours sont souvent perçus comme le « ventre mou » de la semaine. Ils ne permettent pas de prolonger le week-end, et ne la coupent pas en deux (ou en tout cas, pas de manière symétrique, diraient tous les grands toqués). Pourtant, ils ont aussi leurs avantages.

Chaque jeudi, Louis, responsable marketing dans une start-up, travaille depuis son salon. Pour lui, pas question d’en profiter pour faire son pain ou lancer une lessive sur la pause déjeuner. Son objectif : « Tout boucler et pouvoir passer un vendredi tranquille sans culpabiliser », explique-t-il. Parce qu’il manage une équipe de six personnes, le bureau rime pour lui avec des interruptions permanentes qui l’empêchent de se concentrer sur les sujets qu’il souhaite traiter. « Le jeudi, je n’accepte aucune visio, explique-t-il. Je bosse non-stop de 8H à 20H ou plus, avec une pause déjeuner express. Le vendredi, ça me permet de répondre à quelques mails, faire un peu d’administratif et de management, puis terminer très tôt pour récupérer mes enfants à l’école et déconnecter du boulot. »

Pour d’autres, ces jours sont un non-choix, qui s’est avéré vertueux. « Mon cabinet nous a interdit les lundis et vendredis, explique Paula, avocate. Et prendre son mercredi est très mal vu quand on a des enfants. » En effet, les mardis et jeudis sont souvent perçus comme des jours « sûrs » pour les managers suspicieux. Si le manque de confiance de sa hiérarchie l’a déçue, elle reconnaît que ce jour lui permet « d’ajuster » sa semaine : « Si je suis en période de rush, cela me permet d’avancer beaucoup plus vite car je suis plus concentrée. Et si l’activité est plus calme, j’en profite pour faire tout ce que je ne peux pas me permettre quand je suis au bureau : aller courir, acheter de la déco pour mon appartement, ou tout simplement terminer à une heure presque décente pour aller au ciné » confie-t-elle. Eh oui ! Les mardis et jeudis sont trop souvent mal-aimés, à tort. Ce sont des jours de choix pour toutes celles et ceux qui souhaitent prendre du temps pour eux, sans souffrir de la mauvaise image que peuvent avoir les mercredis ou vendredis.

Ils ont choisi… le mercredi ou le vendredi : ces jours « teeeeellement obvious ».

Dans la famille des clichés, je demande… la maman/le papa qui garde ses enfants le mercredi, et le/la feignasse qui se la coule douce le vendredi. Mais derrière chaque cliché, il faut reconnaître qu’il y a souvent un fond de vérité.
Charlemagne a peut-être inventé l’école, mais il a visiblement oublié le mercredi. Par souci de faire des économies sur les frais de garde, ou simplement passer plus de temps avec leurs enfants, de nombreux parents prennent un jour OFF le mercredi depuis plusieurs années déjà. Et pour ceux qui n’ont jamais rêvé de ce fameux 4/5ème, c’est l’occasion de découvrir le télétravail au goût de Pat’Patrouille une fois par semaine : « Ma nounou garde mes deux enfants à mon domicile le mercredi. J’en profite pour travailler dans ma chambre et faire des pauses pour aller les voir plusieurs fois dans la journée. Je n’arrive même pas à culpabiliser, au final au bureau je faisais des pauses-café avec mes collègues, je ne vois pas la différence », témoigne Claire. Troquer les pauses-café pour des pauses-bisous ? Pourquoi pas !

Les adeptes des pauses à rallonge du mercredi doivent-ils pâlir devant ceux qui ont choisi le vendredi ? Pas forcément. Rares sont ceux qui osent encore le nier : le vendredi rime, à tort, avec « énergie ». Le week-end est bien trop proche, la motivation bien trop loin. « Franchement, tout le monde sait que l’on est moins productif le vendredi. Et honnêtement, je crois que je travaille davantage quand je suis chez moi car je me sens obligé de montrer que je produis quelque chose… Au bureau, ma seule présence suffit à justifier mon salaire », confie Stéphane. Alors oui, le vendredi est la journée la plus « grillée » de toutes, mais si votre manager l’accepte, c’est sans doute qu’il est ravi d’en profiter lui aussi.

Se créer un rythme confortable et sur-mesure, sans perdre en efficacité ou en lien avec ses collègues est possible, quand ce choix prend en compte vos besoins et ceux de votre équipe. Maintenant, à vos calendriers, prêt, partez !

Psst… avec quelques RTT et des jours de télétravail bien placés en mai prochain, vous pourriez peut-être passer une partie du mois à travailler les pieds dans l’eau, pensez à anticiper.

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Photo by WTTJ
Édité par Manuel Avenel

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